🇬🇳 En Guinée, chaque expérience devient une anecdote

En ce matin du 11 mars, nous nous réveillons avec une effervescence que nous commençons à bien connaître, celle d'un nouveau passage de frontière 😜 Mais celui-ci a une saveur particulière, dans notre esprit il marque notre entrée dans une Afrique méconnue et plus profonde. Les pays précédents sont assez bornés par de nombreux voyageurs qui les ont assidûment parcourus. À partir de la Guinée ça devient moins cadré, plus aventureux 😱

Nous aurions pu éviter de vous décrire toutes les formalités de passage car elles sont globalement toutes les mêmes à chaque frontière, mais nous y avons vécu une situation pour le moins cocasse. Comme nous le dira poétiquement Aldéric, notre ami voyageur à vélo, "en Guinée, chaque expérience devient une anecdote" 🧘 Rien n'est plus vrai et autant vous dire que des anecdotes on en a dans ce pays 😉

Nous voici donc au bureau de la gendarmerie, le premier des des trois bureaux d'entrée que nous devons parcourir. Chaque nouvel interlocuteur note nos identités dans un grand cahier mais seulement l'un d'entre eux nous fait officiellement entrer dans le pays en tamponnant notre passeport 🤔 Matthieu est à l'intérieur du bureau pendant que Lucie est réduite à son rôle de femme à attendre gentillement dehors avec les enfants 🫠 Quand soudain, les gendarmes, avachis sur leurs chaises, se lèvent et se mettent au garde à vous 👮 Une quinzaine de véhicules de l'armée passe devant les bureaux sans ralentir. S'en suit une drôle d'effervescence, les agents sortent la brosse pour cirer leurs chaussures, chacun se réveille et s'active 🏃 Il vont subir une inspection surprise du commandant régional militaire 😲

Donc on nous fait bouger notre bolide de place et passer au bureau suivant. Enfin, c'est ce que les gendarmes veulent nous faire faire mais un douanier s'interpose : personne ne bouge, la frontière est immobilisée tant que le commandant sera là 🤯 Nous sommes pris entre deux corps de métiers qui s'égosillent, nous faisons profil bas et les laissons décider 🤬 On nous fera finalement passer et entrer fissa dans le bureau suivant. Ici, un agent qui n'a sûrement jamais bu de café, écrit lentement notre identités dans son grand cahier ☕ On a encore une fois placé les enfants et Lucie à l'extérieur jusqu'à ce qu'un gradé arrive affolé : "Le commandant arrive ! Les femmes, de ce côté ! Les hommes, de l'autre ! On range les chaises et les papiers !" 📣 Il se tourne vers Lucie, qui est une femme certes, mais européenne. Un peu compliqué de classer ce troisième sexe 😬 "Vous, dans le bureau ! Apportez des chaises !". Voici comment nous nous retrouvons réunis, assis gentillement sur nos quatre chaises, à attendre l'inspection de la délégation. Quand le commandant arrive, il est guidé par le gradé et filmé dans l'exercice de ses fonctions 🎥 Inspirés par les militaires présents, nous nous levons et nous mettons presque au garde-à-vous, comme les autres 🤪

- "Ici, nous avons installé une procédure pour les touristes étrangers. On demande à ce qu'ils aient une réservation d'hôtel qu'on vérifie (vrai) et on leur donne notre numéro pour nous joindre au moindre problème (faux)" explique le gradé 🫡
- "Bien", répond le commandant, "et vous leur répondez jour et nuit ! Même la nuit hein !" 🎖️
- "Oui mon commandant !" 🫡

Un sketch, mais c'est une expérience à vivre. Le commandant s'en va, sa délégation et ses véhicules reprenant leur vitesse folle et emportant avec eux les militaires lourdement armés 🔫 Au moins, ce fut une frontière où les enfants n'ont pas fait de bêtises ☺️

Nous avons été prévenus, les voies de circulation guinéennes ne sont pas - mais alors vraiment pas - en bon état 😱 Nous allons en faire les frais entre la frontière et Labé, notre premier spot prévu. Nous sommes sur la nationale et traversons des villages de cases rondes en terre battue et aux toits de paille.

La route initialement en bitume commence à se trouer puis des bandes entières de bitumes disparaissent jusqu'à n'être plus qu'une piste 😅 Mais pour l'instant la piste est plutôt belle, ça devrait aller nous rassurons-nous 🫣 D'un seul coup, elle se transforme en piste, pour 30km de plaisir, avec trous, bosses, cailloux et totalement ravinée par les pluies 🙁 Et quand ça monte ou ça descend, c'est encore pire ! Les camions y ont creusé des ornières gigantesques 🕳️ On n'aimerait pas être ici à la saison des pluies ⛈️ Ajoutons à cela les taxis et camionnettes portant sur leurs toits un chargement plus haut que leur taille avec en prime deux ou trois hommes au dessus, qui nous dépassent allègrement en se signalant par un petit coup de klaxon et en ballotant d'un côté à l'autre. Ici, pas de conduite à droite qui tienne, pas de dépassement par la gauche, c'est l'anarchie 💥 Chacun passe où il veut, peut importe du moment que l'on passe. Ca nous rappelle un peu le Guatemala.

Oui c'est un homme assis tout en haut du chargement


Sur la piste, la poussière de latérite s'infiltre partout, Matthieu est concentré, Lucie serre les fesses et lui signale les dépassements un peu trop agressifs 🤬 Nous finissons par rejoindre une piste en meilleure état, damée comme si elle était prête à être bitumée, mais nous sommes fatigués. Nous décidons de nous arrêter sur une petite voie secondaire, cachée de la piste principale par quelques arbres. Nous dépoussiérons comme nous pouvons le bolide et ses occupants avant d'enfin nous poser et de nous reposer 😴



La plaque de cuisson après la piste



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