🇸🇳 Un kadioute ou une kadioute ?

Le 4 mars au matin, nous allons visiter le musée Kadioute, situé dans le village de Boucotte. Quand on dit musée aux enfants, ça râle 🤬 mais ils sortiront de celui-ci enchantés. C'est un musée de plein air créé à l'initiative de jeunes du village dans une forêt qui n'est pas sacrée. Oui parce que sinon nous n'aurions pas l'autorisation d'y entrer vu que nous ne sommes pas initiés 😬 Mais c'est une forêt protégée, pleine d'immenses fromagers qui nous abritent du soleil. Ces arbres au nom rigolo mais qui ne font pas pousser des fromages sont souvent très grands, avec des excroissances qui partent du tronc pour former des ondulations qui descendent élégamment vers le sol 🌳 Parfois ces ondulations se referment sur elles-mêmes en formant ainsi des trous dans lesquels les femmes et les enfants s'abritaient lors des attaques ennemies. Ces trous, appelés kadioute en diola, étaient réputés comme sacrés et personne ne faisait du mal à ceux qui s'y abritaient 🛡️


Pendant la visite, notre guide retrace les habitudes et traditions du peuple diola, qui sont majoritaires en Casamance. Comme beaucoup d'autres ethnies d'Afrique de l'Ouest, les diolas sont à la fois des fidèles d'une grande religion (chrétien ou musulman) et des animistes 😲 Ce dernier culte s'exerce ici à travers les fétiches, des objets spéciaux qui permettent de communiquer avec les esprits. Et il y en a de toute sorte : des os suspendus, des cases, des carapaces de tortues, ... 🦴🐢 Souvent pour intercéder avec l'esprit particulier lié au fétiche il faudra demander à un féticheur, homme ou femme, d'intercéder en votre faveur 🧙 Tout peut-être demandé, la santé, la prospérité, le fécondité (domaine réservé de la feticheuse femme). Les souhaits sont déposés auprès du féticheur qui fait le lien avec les esprits à travers le fétiche 🤯 Si le souhait est réalisé, une offrande est donnée par le demandeur, un animal, du vin de palme, de l'argent ou autre ; l'offrande est en fonction du souhait et des moyens du demandeur 🎁

Nous avons ensuite quelques explications sur la production de vin de palme. N'allez surtout pas imaginer quelque château de style bordelais parce qu'on en est loin 😁 L'objectif de l'opération est d'aller en haut du palmier faire une incision en dessous de laquelle on placera une bouteille plastique récoltant la sève du palmier 🍾 Et effectivement pendant notre séjour en Casamance nous observerons plusieurs fois des bouteilles placées en haut des palmiers 😉Valère, notre guide nous montre l'objet servant traditionnellement à monter en haut des palmiers afin d'y installer la petite bouteille qui va recolter le nectar : c'est une sorte de cerceau tressé en feuilles de palmiers 🌴 Après une démonstration, Lise demande à essayer également. Notre petit singe monte donc au palmier avec entrain, même si l'arceau n'est pas à sa taille 🐒 Valère est obligé de lui demander de s'arrêter sinon elle montait jusqu'au sommet 🙃


La sève de palmier fraîche a une saveur sucrée pas forcément très agréable pour nos standards européens, mais une fois fermentée c'est pire 🤢La création d'alcool commence assez rapidement après la récolte et la sève du matin que nous pourrons goûter à la mi-journée pétille déjà 🍷 Dégustation que nous ne pourrons effectuer qu'après avoir versé un peu de notre breuvage au sol en l'honneur des ancêtres ☠️

Nous passons ensuite un petit temps à découvrir les ustensiles de cuisine traditionnels, notamment les calebasses et les tamis pour le riz 🍚 Puis explications sur le portage sur la tête, très utilisé par ici. D'ailleurs on verra rarement quelqu'un porter un objet à bras lors d'un trajet : chaque colis, si petit soit-il sera placé sur la tête 🤯 Lise s'essaye au portage sur la tête également mais elle est plus douée pour grimper aux arbres 😂 Nous terminons par une découverte des danses, musiques et rites de passages à travers la lutte exercée par les garçons et les jeunes hommes.


Bref, ce "musée" est tellement riche que nous ne pouvons en faire totalement la description 🤩 Nous en ressortons enrichis et comprenons un peu mieux certaines choses. Par exemple, nous sommes régulièrement sollicités pour donner de l'argent ou des cadeaux 🎁 C'est récurrent et nous trouvons cette habitude malpolie et gênante car ce n'est vraiment pas dans notre culture de demander de l'argent aux autres 💵 Et bien, dans la culture diola, il est normal de donner aux autres. Prenons l'exemple qui nous a été donné de deux frères, l'un travaille à la ville et gagne bien sa vie, le deuxième est paysan et pêcheur et produit de quoi se nourrir. Le premier va donner de l'argent au deuxième pour l'aider tandis que le deuxième va lui apporter des poissons et du riz qu'il produit 🐟 Le premier aurait assez d'argent pour s'acheter à manger mais s'il refuse l'aide de son frère, ce dernier n'acceptera pas l'argent. C'est un échange constant. Et c'est pareil dans toutes les familles, entre voisins, entre amis et parfois avec des inconnus. Et ça peut aller loin : une famille qui a réussi peut se retrouver à héberger à temps plein ses tantes, neveux et nièces 🤪 Du coup, nous qui sommes considérés comme riches, il est normal dans leur esprit qu'on donne et du coup ils tentent leur chance 😬

Pour le repas de midi, nous avons anticipé : notre sortie du Sénégal approche et nous n'avons toujours pas goûté le traditionnel tieboudienne 😭 Il faut remédier à ce problème, nous avons donc demandé conseil à la gérante de notre camping. Et bien il faut aller dans le centre du village, à côté d'un boutique de vêtements, derrière un rideau. Là se cache une cuisine traditionnelle, ne portant aucun signe pouvant indiquer à l'étranger que ce lieu est un restaurant 🍴 Nous nous installons à l'intérieur, la salle, ou plutôt le couloir, possède des tables étroites contre les murs. Nous pouvons difficilement nous installer tous les quatres le long de la même table donc Matthieu se met de l'autre côté mais c'est mieux ainsi car sinon impossible de parler 💬

Les deux dames sont un peu étonnées de nous voir là mais elles nous servent avec plaisir de généreuses assiettes de tieboudienne, riz au poissons accompagné des légumes mijotés dans une sauce de tomates et d'oignons 😋 Lucie se régale, elle ne tarit pas d'éloges sur les parfums et les goûts qu'elle découvre, le poisson fond dans la bouche, les légumes sont généreux, la sauce pique un peu mais avec le riz c'est très bon 😍 Ouf, nous aurons dégusté ce plat national avant de quitter le Sénégal, Matthieu peut donc dormir sur ces deux oreilles, la mission tieboudienne qui était en attente depuis Saint-Louis est réussie 🥳




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