🇨🇩 Dernière étape pour l'Afrique Australe

Au bout de deux jours de repos mérité chez Pascal à Pointe-Noire, nous reprenons la route le 23 mai pour le dernier tronçon de ce que nous appelons la Longue Route. Nous partons en emportant un bidon de 25l de diesel car des pénuries sont annoncées sur les prochains kilomètres ⛽

Et c'est parti pour nos derniers jours de route galère. Ce premier jour, nous passons la frontière entre le Congo Brazzaville et Cabinda, une petite enclave angolaise coincée entre les deux Congos. Ici on parle portugais, on trouve du gasoil à 0,30€/l quand il y en a, et de la charcuterie dans les supermarchés 🍖 Alors, le portugais ce n'est pas simple donc c'est un peu difficile de communiquer. Mais étrangement, quand on parle espagnol les angolais nous comprennent, et quand ils nous parlent portugais, on déchiffre un peu ce qu'ils disent, donc on s'en sort 😁 Nous faisons étape pour contracter une assurance pour notre mois prévu en Angola et dormons dans une caserne de police avant de reprendre la route vers la RDC (aussi appelé Congo Kinshasa).

À la sortie de l'enclave de Cabinda, en entrant en RDC, nous allons aborder la partie de route annoncée comme la plus délicate, une piste que nous ne devons surtout pas prendre s'il pleut au risque d'y rester coincés 😱 Nous passons la frontière de la RDC sans soucis et, arrivés face à la piste, on nous dit de ne pas y aller mais de prendre à droite. Ça tombe bien, certains autres voyageurs avaient fait le même choix, alors on y va, la cœur qui bat, les mains un peu moites et on serre les fesses 💓 La piste est un peu sableuse mais nous ne nous arrêtons pas, si Matthieu voit quelqu'un arriver en face, il s'impose et passe le premier afin d'éviter autant que possible de perdre son élan 🤣 Il n'y a pas vraiment de panneaux pour nous diriger et le GPS n'est pas fiable alors on tourne toujours vers la route qui nous semble la plus large.


Après une bonne demi-heure, nous sortons de la piste et arrivons au péage 💪 Le fameux péage vous dirait-on 😜 Pour circuler en RDC, il faut payer une cotisation. Quand on en parle aux congolais, ils ne semblent pas au courant. Mais pour nous, touristes, la facture est aberrante. Pour notre catégorie, il faudrait débourser 90€ alors que nous n'avons prévu de passer que 24h dans le pays 🤯 Alors certains voyageurs négocient, annoncent qu'ils n'ont pas cette somme et réussissent à payer moins voir à ne rien payer. Mais, sans la preuve de paiement, il fadrait payer à un autre point de contrôle donc de toute façons, on passera à la caisse 💰

Matthieu n'étant pas très à l'aise sur ce genre de négoce, c'est Lucie qui s'y colle. Bon, déjà, le préposé au péage n'a demandé que l'équivalent de 45€. Lucie annonce d'emblée qu'elle n'était pas au courant de ce péage et qu'elle n'a pas assez d'argent avec elle pour payer. Pourtant il accepte les dollars et les euros 🤣 Oui, mais Lucie n'a que l'équivalent de 30€ en kwanzas (la monnaie angolaise) et doit en garder pour "acheter de l'eau pour ses enfants" 😉 Et ça négocie sévère, et ça montre des papiers "officiels", et ça prouve que sur son calepin les autres touristes ont payé. Mais non, Lucie n'a pas cet argent. Du coup, le monsieur ne veut plus lui parler. Lucie lui dit :

- "Pourquoi vous ne me répondez plus ? Nous on peut rester dormir cette nuit devant votre guérite si vous voulez mais à un moment il va falloir me répondre" 🧍‍♀️
- "Non, moi je ne parle pas avec les femmes !" 🧍‍♂️
- "Ha ben c'est dommage parce que moi je parle avec les hommes et que mon mari ne viendra pas discuter de ça avec vous donc vous allez devoir me parler" 🧍‍♀️

Ça c'est bien le genre de réflexion qui énerve Lucie. Le préposé au péage se trouve face à une femme tenace donc il prend l'excuse de la différence de sexe pour clôre la discussion. Trop facile comme tentative de fuite. Lucie arrive péniblement à faire baisser la taxe à l'équivalent de 25€ et fait signe à Matthieu de s'avancer afin de clore le deal puis s'enfuit dans le bolide car ses nerfs ont été mis à rude épreuve et il est hors de question qu'elle dise merci avec un faux sourire à cet homme méprisant 😡

Nous continuons la piste jusqu'à Muanda puis retrouvons le bitume sur la rue principale de la ville. Ce soir, nous serons accueillis chez Grâce. Comment connaissons-nous cette personne ? C'est une drôle d'histoire 😁 Pour faire nos visas d'entrée en RDC, nous avions besoin d'une réservation de logement ou d'une lettre d'invitation. Lucie, en creusant sur internet et sur l'application iOverlander, a trouvé le numéro de téléphone d'un gérant d'hôtel à Muanda, qu'elle a contacté 📞 Ce monsieur n'est plus du tout gérant et est actuellement au Portugal mais a une maison en ville. Il a donc demandé à sa petite fille qui y habite de nous accueillir pour la nuit, et c'était tellement gentil que nous avons accepté avec plaisir ☺️

Mais pour rejoindre la maison, pas d'adresse 😲 enfin presque, Grâce nous donne un nom de rue puis une indication "après l'antenne, le 3e portail rouge" 🤨 Le problème c'est que le nom des rues n'est pas sur le GPS et les locaux n'ont pas l'air de connaître. Et pour couronner le tout, nous n'avons pas de carte SIM locale donc impossible de contacter Grâce. Nous finissons par trouver le rue et nous y enfonçons mais ça devient sableux, très sableux ⛱️ Et quand nous trouvons le fameux portail rouge, celui-ci est au-delà d'un large banc de sable. Ce qui devait arriver arriva, nous sommes tankés dans le sable. Ici, si les gens ont un peu d'argent, ils ont des gardiens. Celui de Grâce s'empresse de sortir sa pelle et de déblayer le sable 🪏 Nous sortons notre petite pelle mais nous avons l'air ridicules à côté de son efficacité 😐 Le monsieur sue et donne toute sa force 🥵 Nous avançons mètre par mètre mais finissons par réussir à entrer dans la propriété 🥳 Victoire, nous dormirons en sécurité. Et vu les barbelés présents partout et le nombre de gardes devant les maisons, nous sommes contents d'y être arrivés 😅


S'en suit une petite collation avec Grâce avec quelques jus de fruits et des gâteaux 🍰 Elle nous parle de ses grands-parents émigrés des Pays-Bas et du Portugal et de sa vie à Kinshasa où les embouteillages sont énormes. Elle souhaite aller continuer ses études dans les douanes au Portugal puis pourquoi pas en France ou au Canada. En attendant elle prend des cours du soir à l'université et passe ses journées à lire ou à écouter de la musique. Nous l'accueillerons avec plaisir si elle passe en France 😉 


Le lendemain, après quelques pelletées de sable 🪏 nous reprenons la route vers la frontière angolaise. Nous ne voulons pas rester très longtemps en RDC, le pays n'a pas bonne réputation point de vue sécurité 😨 En revanche le nombre de point de contrôle est drôlement élevé, on se croirait au Nigéria, la corruption en moins 😆 Nous traversons des villes et des villages très peuplés et quelques processions en tenues blanches et vertes. Ce sont des kimbangistes, des adeptes d'une religion née ici qui reconnaît Simon Kimbangu comme un dieu 😇 C'est très beau de les voir défiler, bien habillés, souriants, en fanfare et en chantant. Ils ont le sourire et nous saluent avec plaisir. Ça change des autres habitants qui nous regardent étrangement et nous demandent de l'argent 😡

En fin de matinée, nous traversons l'élégant pont Maréchal Mobutu 🤩 Le spectacle qui nous est offert au cours de son franchissement est stupéfiant : le fleuve Congo qui coule au-dessous est grand, majestueux, puissant 🏞️ De part et d'autre des rives, de magnifiques collines vertes offrent un spectacle auquel nous ne nous attendions pas 😍







Ce beau spectacle est hélas trop court et à l'extrémité du pont, nous arrivons dans la ville-frontière de Matadi 🛃 Nous passons par des routes défoncées, qui montent et qui descendent, on se demande si nous sommes réellement au bon endroit 🫨 Quand on croise des camions nous ne faisons pas les fiers tellement la route est difficilement praticable, mais c'est bel et bien la bonne route. Arrivés au poste-frontière situé dans un virage sur une colline, nous sommes bien content que quelqu'un se charge de nous faire manoeuvrer, nous et les camions arrivant en sens inverse sur cette chaussée pentue en très mauvais état 🚛 On nous demande de nous garer dans une pente à 30% mais il est hors de question pour nous de rester là, nous ne voulons pas prendre le risque de retrouver notre bolide en bas à notre retour 😅 Nous sommes donc autorisés à nous garer dans le sas entre les deux pays, là où les camions entrent un par un dans l'autre sens afin de se faire décontaminer par un petit monsieur qui danse en utilisant son vaporisateur 💦

La frontière se passe sans aucun soucis. Du côté RDC, un homme part avec nos passeports faire les formalités, même si on n'aime pas trop être séparés de nos passeports. Il fait très chaud et humide et c'est long mais on prend notre mal en patience 🥵 Du côté angolais, nous faisons tamponner notre entrée physique et ré-activer le passavent du bolide que nous avions fait établir dans l'enclave de Cabinda. Et nous voici en Angola 🇦🇴 Finie l'insécurité des pays de l'ouest africain, finies les routes complètement défoncées, finie la galère pour faire des visites touristiques 🥳 Nous sommes tellement épuisés par ce passage de frontière que nous décidons de ne pas commencer la route immédiatement et demandons asile au poste de police afin de dormir en sécurité. Ce soir, on fait griller les cacahuètes et on trinque à la fin de la longue route 🥂




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